Vous venez de décrocher un nouveau contrat avec un distributeur. Félicitations ! Mais quelques semaines plus tard, lors de votre visite terrain, la réalité vous frappe : vos produits sont coincés en bas du rayon, pratiquement invisibles, tandis que la concurrence occupe les emplacements stratégiques à hauteur des yeux. Résultat ? Des ventes en deçà des prévisions et un client qui commence à s’interroger sur la pertinence de votre offre.
Cette situation, de nombreux commerciaux merchandising et chefs de secteur la connaissent bien. La différence entre un produit qui cartonne et un produit qui stagne ne tient parfois qu’à quelques centimètres de linéaire. La part de linéaire n’est pas qu’un simple chiffre : c’est un indicateur décisif qui influence directement vos performances commerciales.
Qu'est-ce que la part de linéaire ? Définition et importance
Définition de la part de linéaire
Commençons par poser les bases. La part de linéaire représente l’espace physique qu’occupe une marque ou un produit sur l’ensemble du linéaire dédié à sa catégorie. Concrètement, si vous commercialisez des céréales et que votre marque occupe 2 mètres sur un rayon de 10 mètres, votre part de linéaire est de 20%.
Mais attention, il existe deux façons de mesurer cet espace. Le linéaire au sol ne prend en compte que la longueur horizontale de votre implantation. Plus précis, le linéaire développé intègre également la hauteur et le nombre de niveaux occupés. Si vos produits sont présents sur trois étagères de 50 cm chacune, votre linéaire développé sera de 1,50 mètre, même si votre linéaire au sol n’est que de 50 cm.
Un autre concept à maîtriser : le facing. Il s’agit du nombre de faces visibles de vos produits côte à côte sur le rayon. Trois bouteilles alignées de front = trois facings. Plus vous avez de facings, plus votre produit attire l’œil du consommateur qui déambule dans l’allée.
Pourquoi la part de linéaire est-elle un indicateur stratégique ?
Vous vous demandez peut-être pourquoi consacrer autant d’énergie à ces quelques centimètres en rayon ? La réponse est simple : votre part de linéaire influence directement vos ventes. Un produit visible se vend, un produit caché stagne. C’est aussi basique que cela.
Les études comportementales le confirment : face à un rayon fourni, le consommateur prend sa décision d’achat en quelques secondes seulement. Les produits positionnés à hauteur des yeux captent naturellement son attention. Ceux situés en haut ou en bas du rayon ? Ils passent souvent inaperçus, sauf si le client les recherche activement. Votre part de linéaire détermine donc vos chances d’entrer dans le champ de vision du consommateur au moment décisif.
Au-delà de la visibilité, cet indicateur reflète votre rapport de force avec les distributeurs. Une part de linéaire importante signale que vous avez su convaincre l’enseigne de la pertinence de votre offre. Elle témoigne de votre capacité à négocier, mais aussi de votre performance commerciale passée. Les distributeurs n’offrent pas d’espace par charité : ils investissent sur les marques qui génèrent du chiffre d’affaires et de la marge.
Enfin, votre part de linéaire vous permet de mesurer votre compétitivité. Comment vous situez-vous face à vos concurrents directs ? Êtes-vous le leader visible de votre catégorie ou un challenger qui doit encore faire ses preuves ? Cette donnée objective vous aide à évaluer votre position réelle sur le marché.
Comment calculer sa part de linéaire ?
La formule de base du calcul
Passons maintenant à la pratique. Calculer votre part de linéaire est plus simple qu’il n’y paraît. Voici la formule de base :
(Longueur linéaire occupée par votre marque / Longueur totale du linéaire de la catégorie) × 100
Prenons un exemple concret. Vous représentez une marque de yaourts. Le rayon produits laitiers de ce supermarché mesure 12 mètres de long. Votre marque occupe 2,40 mètres. Votre part de linéaire est donc de (2,40 / 12) × 100 = 20%.
Pour un calcul plus précis, utilisez le linéaire développé. Imaginez que le rayon comporte 4 étagères. Le linéaire total développé est donc de 12 × 4 = 48 mètres. Si votre marque occupe 2,40 mètres sur deux étagères, votre linéaire développé est de 2,40 × 2 = 4,80 mètres. Votre part de linéaire développé s’élève à (4,80 / 48) × 100 = 10%. Cette nuance est importante car elle reflète plus fidèlement l’espace réel que vous occupez.
Exemple de calcul pour 3 marques
Marque |
Linéaire au sol |
Nombre d'étagères |
Linéaire développé |
Part de linéaire développé |
|---|---|---|---|---|
| Marque A (leader) | 4,80 m | 4 | 19,20 m | 40% |
| Votre marque | 2,40 m | 2 | 4,80 m | 10% |
| Marque C (challenger) | 3,60 m | 3 | 10,80 m | 22,5% |
| Total catégorie | 12 m | 4 niveaux | 48 m | 100% |
Les outils de mesure sur le terrain
Sur le terrain, comment procéder concrètement ? La méthode la plus simple reste le bon vieux mètre ruban. Vous mesurez la longueur occupée par vos produits, puis la longueur totale du rayon. Notez également le nombre d’étagères et la présence éventuelle d’opérations spéciales (têtes de gondole, îlots promotionnels).
Aujourd’hui, des applications mobiles vous permettent de mesurer les distances simplement en pointant votre smartphone. Pratique quand vous enchaînez les visites et que chaque minute compte. Pensez également à photographier systématiquement les implantations : ces images constitueront une preuve visuelle précieuse lors de vos échanges avec les enseignes ou vos clients.
Les outils professionnels vont plus loin. Les planogrammes (ou plans merchandising) formalisent l’implantation idéale de chaque produit dans le rayon. Ces schémas détaillent l’emplacement exact, le nombre de facings et la hauteur de chaque référence. Certains logiciels de merchandising permettent même de créer des planogrammes digitaux et de les comparer à la réalité terrain.
Quelle que soit votre méthode, la régularité des relevés est essentielle. Un point de vente peut modifier son implantation du jour au lendemain suite à une promotion, un réapprovisionnement ou une négociation concurrente. Seul un suivi rigoureux vous permettra de réagir rapidement.
Stratégies pour augmenter sa part de linéaire
Préparer sa négociation avec les distributeurs
Vous voulez gagner des centimètres face à la concurrence ? La négociation ne s’improvise pas. Elle se prépare méthodiquement, chiffres à l’appui. Avant de rencontrer l’acheteur ou le chef de rayon, vous devez rassembler toutes les données qui démontrent la pertinence de votre demande.
Commencez par analyser vos performances commerciales. Quelle est votre rotation produit ? Combien générez-vous de chiffre d’affaires au mètre linéaire par rapport à la concurrence ? Quel est votre taux de marge pour le distributeur ? Ces indicateurs objectifs constituent le cœur de votre argumentaire. Un acheteur n’offre pas d’espace supplémentaire par sympathie : il investit sur les marques qui maximisent sa rentabilité.
Étudiez ensuite la concurrence. Qui occupe combien d’espace ? Quelles sont leurs forces et faiblesses ? Identifiez les opportunités : une marque en déclin dont vous pourriez reprendre le linéaire, un concurrent qui ne respecte pas ses engagements promotionnels, une zone du rayon sous-exploitée où vous pourriez vous positionner.
Construisez votre argumentaire autour de trois piliers : innovation, marketing et accompagnement. Présentez vos nouveaux produits, vos campagnes publicitaires en cours ou à venir, votre capacité à dynamiser la catégorie. Proposez des contreparties concrètes : animations en magasin, PLV attrayante, formation des équipes pour valoriser vos produits, opérations promotionnelles généreuses.
- 8 points essentiels avant une négociation de linéaire :
- Rotation actuelle de vos produits dans ce point de vente
- CA généré au mètre linéaire vs concurrence
- Taux de marge distributeur sur vos références
- Part de marché nationale et locale
- Innovations produit prévues sur les 6 prochains mois
- Budget marketing et plan média
- Accords promotionnels proposés
- PLV et animations terrain prévues
Optimiser la présentation produit en magasin
Gagner du linéaire est une chose, l’exploiter efficacement en est une autre. La façon dont vous présentez vos produits influence directement leur attractivité et donc vos ventes. Le merchandising ne se limite pas à occuper de l’espace : il s’agit de créer un impact visuel qui capte l’attention du consommateur.
Le facing joue un rôle crucial. Trois facings minimum sont généralement nécessaires pour qu’un produit soit remarqué. En dessous, il risque de passer inaperçu dans la masse. Répartissez judicieusement vos facings entre vos différentes références : privilégiez vos best-sellers et vos nouveautés, qui méritent une mise en avant appuyée.
Le positionnement vertical est tout aussi stratégique. La zone située entre 1,20 m et 1,60 m de hauteur est la plus visible : c’est là que le regard se porte naturellement. Placez-y vos produits phares. Les niveaux du haut conviennent aux produits volumineux ou aux références que les clients connaissent déjà et recherchent activement. Les niveaux du bas accueillent généralement les premiers prix ou les formats familiaux.
La PLV (publicité sur lieu de vente) renforce votre présence. Stop-rayons, bandeaux promotionnels, stickers prix attractifs : ces éléments guident l’œil du consommateur vers vos produits. Attention cependant à ne pas surcharger : une PLV excessive crée de la confusion et dilue votre message.
Négocier des implantations stratégiques
Au-delà de la quantité, la qualité de votre emplacement fait toute la différence. Tous les centimètres de linéaire ne se valent pas. Certaines zones du magasin et du rayon génèrent naturellement plus de ventes que d’autres : ce sont les emplacements premium que vous devez viser.
Les têtes de gondole, situées en bout d’allée, offrent une visibilité maximale. Elles sont souvent réservées aux opérations promotionnelles, mais si vous parvenez à en négocier une pour un lancement produit, l’impact sera considérable. Les îlots centraux et les zones de passage (entrée du magasin, proximité des caisses) présentent également un fort potentiel.
À l’intérieur même du rayon, positionnez-vous sur les zones chaudes : l’entrée du rayon où le regard se pose en premier, la hauteur des yeux, les emplacements en face des flux de circulation naturels. Évitez autant que possible les zones froides, en bout de rayon ou dans les angles morts.
Pour les lancements de nouveaux produits, négociez des implantations temporaires avantageuses. Proposez une opération d’essai de trois mois sur un emplacement premium. Si les ventes sont au rendez-vous, vous pourrez argumenter pour pérenniser cette implantation. Sinon, vous aurez au moins donné une vraie chance à votre innovation.
Le suivi de la part de linéaire : un enjeu quotidien pour les commerciaux terrain
Pourquoi suivre régulièrement sa part de linéaire ?
Vous avez négocié, vous avez gagné du linéaire. Victoire ! Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Le terrain est un environnement mouvant où rien n’est jamais définitivement acquis. Une implantation peut changer du jour au lendemain, et si vous ne suivez pas régulièrement vos points de vente, vous risquez de perdre du terrain sans même vous en apercevoir.
Le suivi terrain vous permet de détecter les pertes d’espace avant qu’elles ne deviennent critiques. Un concurrent a lancé une offensive promotionnelle et a grignoté 20 cm sur votre linéaire ? Vous devez le savoir rapidement pour réagir. Plus vous identifiez tôt ces changements, plus vous pouvez intervenir efficacement auprès du distributeur.
Vous pourrez également identifier les non-respects d’accords commerciaux. Vous aviez négocié une implantation sur trois niveaux ? Sur le terrain, vous ne trouvez vos produits que sur deux étagères. Ce genre de décalage entre la théorie et la réalité est fréquent, souvent dû à des erreurs d’exécution ou à des décisions locales prises sans concertation. Votre présence régulière garantit que les engagements pris sont respectés.
Le suivi permet aussi d’anticiper les ruptures. Un produit qui se vend bien aura des facings vides plus souvent qu’à son tour. Si vous constatez des ruptures récurrentes, c’est un signal positif (forte demande) mais aussi un problème à résoudre (perte de ventes). Vous pouvez alors travailler avec le point de vente pour améliorer les réapprovisionnements ou justifier une augmentation de linéaire.
Enfin, vos visites régulières vous permettent de mesurer l’efficacité de vos actions merchandising. Cette nouvelle PLV a-t-elle vraiment dynamisé les ventes ? Ce changement d’implantation a-t-il porté ses fruits ? Seule une analyse terrain régulière vous donnera ces réponses.
Les défis du suivi terrain pour les forces de vente
Suivre sa part de linéaire sur le terrain, c’est théoriquement évident. Pratiquement, c’est une autre histoire. Les commerciaux merchandising, agents commerciaux et forces de vente externalisées font face à de nombreux défis qui compliquent ce suivi pourtant essentiel.
- Premier obstacle : la multiplicité des points de vente. Vous gérez un portefeuille de 80, 100, parfois 150 magasins répartis sur un large territoire. Comment assurer un suivi régulier et exhaustif de tous ces points de vente quand vos semaines comptent seulement cinq jours et que les trajets mangent votre temps ?
- Deuxième difficulté : la variabilité des implantations. Même au sein d’une même enseigne, chaque magasin a ses spécificités. La configuration des rayons diffère, les surfaces disponibles varient, les choix merchandising locaux créent des disparités. Résultat : vous devez adapter votre analyse à chaque visite, ce qui demande du temps et de l’attention.
- Troisième contrainte : le temps limité en magasin. Vous devez vérifier l’implantation, relever les mesures, identifier les problèmes (ruptures, PLV manquante, produits mal positionnés), éventuellement intervenir auprès du chef de rayon, et passer au point de vente suivant. Tout cela en 20 à 30 minutes maximum par magasin si vous voulez tenir votre planning.
- Quatrième challenge : la centralisation et l’analyse des données. Vous avez fait vos relevés, pris vos photos, noté vos observations. Mais qu’en faites-vous ? Comment consolidez-vous ces informations pour avoir une vision d’ensemble ? Comment identifiez-vous les tendances, les points de vente problématiques, les opportunités à saisir ? Sans système organisé, vous accumulez des données que vous n’exploitez jamais vraiment.
- Cinquième problème : transformer les constats en actions. Vous avez identifié qu’un magasin ne respecte pas l’accord négocié. Quelle est la suite ? Qui contactez-vous ? Quand prévoyez-vous le retour pour vérifier la correction ? Comment vous assurez-vous que le problème ne se reproduira pas ? Sans méthode et sans outils, vos observations restent souvent lettre morte.
Un commercial merchandising visite en moyenne 15 à 25 points de vente par semaine, avec seulement 20 à 30 minutes par magasin pour vérifier l'implantation, la disponibilité et l'état des produits. Sur un mois, cela représente plus de 60 visites et des centaines de données à collecter et analyser.
Bonnes pratiques et erreurs à éviter
Les erreurs fréquentes dans la gestion de la part de linéaire
Même les commerciaux expérimentés commettent parfois des erreurs qui compromettent leur efficacité. Identifier ces pièges courants vous aidera à les éviter et à maximiser l’impact de vos actions terrain.
L’erreur numéro un consiste à se concentrer uniquement sur la quantité. Certes, gagner des centimètres est important, mais pas au détriment de la qualité de l’emplacement. Mieux vaut 1 mètre bien positionné à hauteur des yeux que 2 mètres au ras du sol dans une zone froide du rayon. Négociez toujours en pensant simultanément volume et positionnement.
Beaucoup de commerciaux négligent le suivi post-négociation. Vous avez arraché un accord favorable ? Formidable ! Mais si vous ne vérifiez pas régulièrement que cet accord est respecté sur le terrain, vous risquez de constater six mois plus tard que l’implantation réelle n’a jamais correspondu à ce qui avait été convenu. Le suivi est aussi important que la négociation initiale.
Une autre erreur fréquente : ne pas former les équipes magasin. Vous avez beau avoir négocié une implantation parfaite, si les employés qui mettent les produits en rayon ne comprennent pas votre planogramme ou n’ont pas été sensibilisés à son importance, ils feront à leur manière. Prenez le temps d’expliquer vos attentes aux chefs de rayon et aux équipes de mise en rayon. Cette relation humaine fait souvent la différence.
Enfin, trop de commerciaux sous-estiment l’importance de la relation avec les chefs de rayon. Ce sont eux qui, au quotidien, décident concrètement de l’implantation des produits. Une bonne relation avec eux vaut parfois plus qu’un accord national négocié en central. Respectez leur expertise, écoutez leurs contraintes, apportez-leur des solutions plutôt que des exigences. Cette approche collaborative génère des résultats bien supérieurs sur le long terme.
Les bonnes pratiques des meilleurs commerciaux terrain
À l’inverse, les commerciaux les plus performants partagent des habitudes communes qui expliquent leurs succès. Inspirez-vous de ces bonnes pratiques pour optimiser votre propre approche.
Première règle : établir un calendrier de visites régulier et s’y tenir rigoureusement. Les meilleurs commerciaux ne visitent pas leurs points de vente au hasard ou quand ils ont le temps. Ils planifient leurs tournées plusieurs semaines à l’avance, en définissant une fréquence adaptée à chaque magasin selon son importance stratégique. Cette régularité crée des automatismes et garantit qu’aucun point de vente n’est négligé.
Deuxième habitude : photographier systématiquement les implantations. À chaque visite, une photo du rayon. Cette discipline crée un historique visuel incomparable. Vous pouvez comparer l’évolution dans le temps, identifier les tendances, prouver objectivement les problèmes aux distributeurs. Ces photos deviennent vos meilleurs arguments lors des négociations.
Troisième pratique : construire une relation de confiance avec les équipes magasin. Les commerciaux performants ne se contentent pas de relever des chiffres et de partir. Ils prennent le temps d’échanger avec les chefs de rayon, de comprendre leurs contraintes, de leur apporter des conseils. Cette proximité génère une coopération naturelle : les équipes magasin deviennent des alliés qui vous préviennent quand un problème survient et qui mettent en avant vos produits parce qu’ils vous apprécient.
Quatrième réflexe : partager les bonnes pratiques entre points de vente. Vous avez testé une implantation particulièrement efficace dans un magasin ? Vous avez trouvé une solution astucieuse pour un problème de merchandising récurrent ? Les meilleurs commerciaux capitalisent sur ces découvertes et les répliquent systématiquement dans tous leurs points de vente concernés. Ils créent ainsi des standards d’excellence qu’ils déploient progressivement sur l’ensemble de leur territoire.
Cinquième habitude gagnante : mesurer et célébrer les succès. Chaque gain de linéaire, chaque amélioration des ventes suite à une action merchandising, chaque nouveau point de vente conquis : ces victoires méritent d’être reconnues et partagées. Les commerciaux performants documentent leurs succès, les communiquent à leur hiérarchie, les utilisent pour motiver leurs équipes et renforcer leur crédibilité auprès des distributeurs.